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les clés du roman policier

Le polar ou roman policier : un genre ultra codifié

Une littérature de genre

Ce n’est pas pour rien si on appelle la littérature généraliste « littérature blanche », par opposition au polar, la collection « noire ».

Le roman policier ou polar est une littérature de genre. Elle a des codes précis qui correspondent à l’horizon d’attente de son lectorat. Autrement dit, il y a des éléments que doit contenir ou mettre en scène un roman policier pour satisfaire ses lecteurs et donc être un bon roman policier.

Nous allons passer en revue 8 éléments indispensables à tout polar réussi.

Polar, thriller ou roman policier ?

Petit avant-propos : mettons-nous d’accord sur le vocabulaire car cet article développerons les codes du polar et non du thriller.

Le grand genre du roman policier se sous-divise en de nombreux sous-genres qui parfois s’englobent les uns les autres ou relèvent de différences subtiles. Pas de panique, les éditeurs de romans policiers publient tous les sous-genres et il n’y a que deux catégories que tu dois surtout identifier pour tes choix narratifs : d’un côté le polar et de l’autre le thriller.

A noter, qu’on fait volontiers l’amalgame entre roman policier et polar. Nous le ferons à plusieurs reprises dans cet article.

Le thriller est un sous-genre qui repose sur le suspense et la peur de l’antagoniste. Le personnage principal craint pour sa vie et/ou celle de ses proches et le lecteur est lui-même entraîné par la peur de savoir s’il va s’en sortir. Le thriller tient en haleine le lecteur et lui colle des frissons.

Le polar, lui, se base sur une enquête et met en scène une figure enquêtrice. C’est un jeu d’investigation, qui peut évidemment aussi provoquer de la tension chez le lecteur mais avec des ressorts différents. Le lecteur de polar ne tient pas seulement à l’action mais au puzzle de l’investigation.

Alors, quelles sont les scènes emblématiques d’un bon polar ?

1) Le choix d’un mystère à élucider

Partons du plus évident au plus subtil. Pour écrire un roman policier, il faut un mystère digne d’être résolu. Il s’agit le plus souvent d’un meurtre. Car n’est-ce pas le bouleversement ultime ? Rien de mieux qu’un mort pour pousser des enquêteurs à enquêter !

Mais ce n’est pas le seul événement fondateur qui peut se passer. Le mystère peut tout aussi être une disparition par exemple.

2) Une figure enquêtrice

Dans un polar, la figure de l’enquêteur est primordial. Il ne s’agit pas toujours du narrateur, mais l’enquêteur est bien un personnage principale.

Contrairement au thriller dans lequel il n’est pas un enquêteur de métier, dans un polar, il s’agit d’une personne qui a l’habitude d’enquêter de façon officielle (police, gendarmerie, enquêteur privé, enquêteur d’assurance) ou officieuse (personne à qui on fait appel parce qu’elle s’est illustrée dans certaines enquêtes par exemple).

Je peux te citer deux archétypes d’enquêteurs que l’on retrouve dans de nombreux romans policiers :

  • Le super enquêteur : le génie qui raisonne plus vite et plus efficacement que le commun des mortels. Par exemple : Hercule Poirot, Sherlock Holmes.
  • L’enquêteur désabusé : généralement un homme en déchéance, alcoolique, au fond du trou, qui a subi un grave traumatisme lors de son dernier boulot et pour qui cette nouvelle enquête sera un moyen de remonter la pente.

3) Une victime en tout ou rien

Si je te recommande toujours la subtilité, il y a des éléments narratifs qui marchent fortement bien pour écrire un roman policier. En l’occurrence, quand il s’agit de la victime, les extrêmes suivants :

  • Soit la victime avait énormément d’ennemis, et la liste est longue de personnes avec un mobile pour s’en prendre à elle.
  • Soit la victime était une oie blanche, elle n’avait aucun ennemi, il semble au départ que personne n’ait de mobile pour vouloir lui faire du mal.

La première alternative est une façon de brouiller les pistes pour ton lecteur. S’il y a trop de suspects, il n’y en a aucun. La deuxième alternative permet d’explorer pourquoi cette personne est la victime.

4) Une galerie de couples potentiels

Même quand on fait de sa victime une oie blanche, il faut créer une galerie de coupables potentiels pour écrire un bon roman policier.

On embrouille le lecteur. A chaque nouveau personnage, il doit avoir l’illusion que ce pourrait être le coupable, qu’il a l’air encore plus coupable que le précédent.

Il faut présenter au lecteur de nombreuses possibilités car il adore suivre des pistes. Le lecteur de polar est un peu comme un passionné de casse-tête. Il aime tester des hypothèses, se rendre compte qu’elles n’aboutissent pas et partir sur une autre.

Aussi, il faut l’abreuver d’assez de coupables ou de mobiles potentiels.

5) Une intrigue en enfilade

Pour mettre en scène cette idée d’ouvrir et de refermer des fausses pistes jusqu’à la révélation finale, tu dois penser ton intrigue comme une poupée gigogne.

Pense ton plan de polar comme une série d’intrigues qui s’emboîtent. Dénoue une pelote pour trouver une nouvelle situation, et ainsi de suite. Fais faire un jeu d’énigmes en enfilade à ton lecteur.

6) Ménager le suspense en faisant craindre pour la vie des personnages

Dans un polar, la tension dramatique, le suspense, n’est pas un moteur de l’intrigue aussi important que dans le thriller qui lui a pour vocation de générer de la peur chez ton lecteur.

Ecrire un roman policier n’est pas forcément générer de la peur alors que l’on suit les révélations.

Toutefois, pour que le lecteur ait bien envie de tourner les pages et de découvrir la solution, il faut quand même que les rebondissements génèrent un sentiment d’urgence à mener à bien l’enquête avant qu’il ne soit trop tard.

Peut-être que le coupable fera d’autres victimes s’il n’est pas attrapé ? Ou qu’il risque de s’en prendre à la figure enquêtrice ?

A toi de moduler ton suspense selon l’ambiance que tu veux donner à ton polar, mais n’oublie pas ce ressort important du page turner.

7) L’acte manqué du héros

Si tu entraînes ton lecteur sur des fausses pistes, c’est que ton enquêteur les suit aussi !

Alors qu’il pense être sur le poids de démasquer les couples… il se loupe !

Il s’agit d’une façon de plus de ménager le suspense. Le lecteur vit un ascenseur émotionnel, comme ton héros, et il va vouloir continuer sa lecteur pour comprendre ce que cela peut être si ce n’est pas l’hypothèse pourtant très crédible qu’avait soumise l’enquêteur.

Attention toutefois à ne pas surmultiplier les moments d’erreurs de ton personnage pour ne pas en faire un gag récurrent.

8) Une révélation finale bien orchestrée

Vient enfin la délicate étape de la révélation finale. Je vais te donner un conseil majeur pour qu’elle soit réussie : ne te laisse jamais tenter par le Deus ex machina.

Le Deux ex machina, ou révélation qui sort du chapeau, c’est la fin que nul ne pouvait prévoir car tu n’as pas laissé assez d’indices en ce sens. Le lecteur ne pouvait pas déduire qui était le coupable.

Or, dans pour écrire un bon roman policier, il faut trouver l’équilibre subtil entre surprendre le lecteur avec la révélation finale et lui faire dire « mais bien sûr ! Comment suis-je passer à côté ? »

Il faut que le coupable est laissé des traces. Si le lecteur devait relire le livre après coup en tenant la solution, il devrait être désormais capable de les voir et d’être épaté de la façon dont tu as créé un tableau où tout s’emboîte.

La solution était sous son nez, mais les pièces du puzzle devaient être retournées dans la bonne position pour qu’il la saisisse !

Les grands points de la conversation :

– La différence entre thriller et polar
– La victime est toujours parfaite
– Le profil des suspects
– Jamais trop de pistes

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