Écoutez l’épisode :

Les deux composantes principales de la rémunération d’un auteur publié en maison d’édition sont ses à-valoir et ses droits d’auteur. Roman après roman, il cumule ses gains.

LUCIE CASTEL
Combien gagne un auteur

Un auteur peut-il vivre de sa plume ?

La plupart des personnes qui rêvent d’une carrière d’écrivain voudrait pouvoir en faire leur activité principale. Quand on est passionné d’écriture, quelle joie d’envisager en faire son métier ! De pouvoir s’organiser autour de l’écriture !

Seulement la réalité bassement matérielle nous rattrape vite. Combien gagne vraiment un auteur ? Peut-on vivre de son écriture ? Peut-on se tirer un salaire décent et régulier grâce à ses romans ?

Il n’y a pas de réponse univoque à cette question dans le sens où chacun a une idée différente de ce qu’il considère un revenu acceptable. Est-ce l’équivalent d’un SMIC ? Est-ce le passage de la barre des 2000€ ? Bien davantage ?

Une chose est sûre, un écrivain qui publie des livres traditionnellement dans une maison d’édition (et qui n’écrit pas à la commande) ne touche pas un salaire fixe. Ses revenus vont fluctuer car une grande partie de ceux-ci dépendent des ventes de ses livres… qui fluctuent de mois en mois, d’année en année.

La rémunération des auteurs

La rémunération des auteurs se compose de deux parties :

  • LES DROITS D’AUTEUR
  • LES À-VALOIR

Les droits d’auteur

A quoi correspondent les droits d’auteur ?

Lorsque l’auteur remet son livre à son éditeur, celui-ci va se tourner vers un certain nombre de prestataires pour le vendre et le distribuer. Tous ces acteurs de la chaîne du livre touchent eux-aussi un pourcentage sur le prix de vente du livre. Le prix du livre est fixe et encadré par la loi.

Les droits d’auteurs correspondent à votre part sur la vente de chaque livre et/ou de chaque produit dérivé de votre livre selon ce que vous avez négocié dans votre contrat.

L’éditeur vous reverse un pourcentage sur le prix de vente de votre livre. Ce pourcentage peut varier en fonction du format du livre. En effet, l’éditeur devra peut-être faire appel à un prestataire supplémentaire pour éditer votre livre au format poche par exemple.

Dans tous les cas, chaque format ayant son prix (grand format, poche, ebook), vos gains seront différents selon le format dans lequel est proposé votre livre et évidemment le volume de ventes.

Dans l’idéal, l’auteur veut être édité dans un maximum de formats pour multiplier ses possibilités de vente.

La rémunération des auteurs

Comment se calculent vos droits d’auteur ?

  • En moyenne, l’auteur touche environ 8% du prix du livre grand format en droits d’auteur. Il s’agit d’une fourchette qui va généralement de 8% à 12%. Soit, sur un livre grand format à 20€, l’auteur touche entre 1,60€ et 2,40€.
  • Ce pourcentage tombe à 5% en moyenne pour un livre de poche. Soit pour un livre poche d’un montant moyen de 7€, 0,35 centimes par livre.
  • Pour le format numérique, la moyenne est plus aux alentours des 10% à 12%, mais le prix des ebooks fluctuent beaucoup, entre 4€ et 12€, parfois moins selon les offres promotionnelles.

Il est fréquent que le pourcentage que touche l’auteur soit modulé dans le contrat. Souvent, l’éditeur prévoit que l’auteur touche 8% de droits papier jusqu’à 10 000 exemplaires vendus, 10% entre 10 001 et 20 000, 12% au-delà.

Tant que votre livre est vendu, vous recevez des droits d’auteur. Ainsi, pour maximiser votre rémunération d’auteur, 4 facteurs principaux entre en jeu :

> Le pourcentage négocié dans votre contrat
> Le volume des ventes réalisé
> La durée de vie de votre roman (rééditions par exemple)
> Le nombre de romans que vous publiez

Notez que la plupart de ces points ne sont pas de votre compétence ou pas complètement de votre ressort. C’est le savoir-faire de l’éditeur, son réseau, et son engagement envers votre livre qui vont multiplier vos chances de multiplier vos ventes.

Les à-valoir

Qu’est-ce qu’un à-valoir ?

La deuxième composante de votre rémunération d’auteur, et la plus importante pour un début, consiste dans les à-valoir. Les « à-valoir » sont une avance sur les droits d’auteur. Ils représentent le risque financier qu’accepte de prendre l’éditeur pour vous avoir dans son catalogue.

Il s’agit d’un pari que fait l’éditeur sur votre futur succès. L’éditeur vous propose une somme d’argent qui correspond à un volume de ventes. Que vous réalisiez ces ventes ou non, vous n’êtes pas redevable de cette somme.

Il n’y a pas d’encadrement sur le montant des à-valoir, si ce n’est qu’ils ne peuvent pas être de 0€. L’auteur peut faire le choix de renoncer à ses à-valoir, mais l’éditeur lui propose toujours au moins plusieurs centaines d’euros.

A titre indicatif, un auteur débutant se voit souvent proposer entre 500 et 800€.

Cette somme se négocie et monte évidemment quand l’auteur a fait ses preuves avec des volumes de vente qui rassurent les éditeurs sur le risque qu’ils prennent. Après un ou plusieurs romans, il peut se voir proposer entre 1000€ et 3000€. S’il enchaîne les best-sellers, il peut bien sûr prétendre à beaucoup plus. Il n’y a de limite que le budget de l’éditeur et sa politique de prise de risque.

Plus l’auteur signe avec une grande maison d’édition plus celle-ci aura les moyens financiers pour lui proposer des à-valoir intéressants. Toutefois, une grande maison d’édition est aussi un établissement qui signe de nombreux auteurs. Il n’est pas dit qu’elle donnera bien plus à un auteur débutant qu’un plus petit établissement.

Ça fait combien ?

Les à-valoir sont très intéressants car il s’agit d’une somme que l’auteur est sûr de toucher peu importe si son roman marche ou pas.

Par contre, comme il s’agit d’une avance, il ne touchera pas de droits d’auteur tant que ceux-ci n’auront pas excédé l’avance. Ainsi, si vous avez négocié 1000€ d’à-valoir, vous commencerez à toucher vos droits d’auteur quand les ventes généreront 1001€ pour vous.

Tout cela est imbriqué avec le volume des ventes de votre roman. Il est délicat de dire quel est le nombre moyen de romans que vend un auteur débutant car cela est très variable, en fonction de :

  • La taille de la maison d’édition et du tirage qui lui est proposé.
  • Du genre dans lequel il publie.
  • Du format dans lequel le livre est publié.

On résonne généralement par pallier. Atteindre les 1000 exemplaires avec un premier roman est déjà un plafond stratégique, même si les éditeurs commencent à s’intéresser plus sérieusement à vous à la barre des 5000 ventes. Il n’est pas rare qu’un premier roman tourne autour des 500 à 800 ventes.

Par déduction, un auteur qui s’est vu proposer 1000€ d’à-valoir par sa maison d’édition ne commencera à toucher ses droits d’auteur qu’à partir du 626e exemplaire vendu si son pourcentage est fixé à 8% pour du grand format à 20€.

Les autres droits

Et si votre livre est adapté au cinéma ? En BD ? En audiobook ? Et s’il est vendu à l’étranger ?

Tous ces formats qui retranscrivent votre texte et l’adaptent sont régis par d’autres droits que vous négociez également dans votre contrat.

Retenez que vous n’avez aucune obligation à céder tous vos droits à votre éditeur. Il s’agit d’une négociation où vous décidez si l’argent et les conditions qu’il vous propose pour ces droits additionnels vous satisfont.

Notre conseil : renseignez-vous sur le réseau de la maison d’édition. De la même façon qu’il est parfois bienvenu de ne pas céder les droits poche à une maison d’édition qui n’a jamais réussi à placer ses livres chez un éditeur poche, pourquoi donner vos droits audiovisuels à un éditeur qui ne démarchent pas les producteurs ?

Vous avez peut-être l’impression que vous ne ferez de toute façon rien de votre côté de ces droits. Mais si la maison d’édition n’en fera rien non plus, il faut peut-être parfois penser long terme plutôt que d’accepter la somme mise sur la table, à moins que celle-ci soit intéressante.

Un aparté sur les droits numériques. Il est peu probable que votre éditeur vous permette de lui vendre les droits papier mais pas les droits aux formats numériques. Après tout, ceux-ci font partie d’un chiffre parfois très important de ses ventes selon le genre de votre roman.

Alors, peut-on vivre de sa plume ?

On ne va pas se mentir, votre rémunération d’auteur prend du temps à devenir intéressante. Pour atteindre le point de bascule que représente l’équivalent de 12 mois de salaires, et le dépasser, il faut que l’auteur entre dans un cercle vertueux où non seulement il est un bon vendeur mais il multiplie les romans.

Un auteur professionnel en édition traditionnelle publie un à deux livres par an. Il ne peut pas espérer se dégager des revenus en publiant moins, sauf si l’un de ses livres dépasse toutes les prévisions et s’envole en nombre de ventes.

Il est compliqué de vivre de sa plume avant d’avoir publié un certain nombre de romans qui alimentent ses revenus récurrents de droits d’auteur. Mais une fois le système rodé et son nom installé, cela est possible. Il faut persévérer et continuer à proposer des romans !

Et l’auto-édition ?

La rémunération de l’auteur indépendant

Un auteur qui publie lui-même ses livres n’est pas payé en droits d’auteur. Il touche le produit de la vente du livre comme s’il vendait un produit.

Il fixe lui-même le prix de son livre et engage des coûts de production en amont :

  • Travail éventuel avec un correcteur éditorial
  • Travail avec un graphiste pour la couverture
  • Publicité sur les réseaux sociaux et les plateformes de vente

Et en aval :

  • Commission prise par les plateformes de vente (qui diffèrent selon s’il s’agit d’un ebook ou d’une impression papier à la demande).

A titre d’exemple, sur Amazon un roman au format Kindle est généralement vendu entre 2,99€ et 6,99€. Amazon prend une commission de 30% fixe sur ce prix pour chaque vente réalisée. L’auteur empoche donc les 70% restant.

Ma petite entreprise…

Il est aisé de penser que les auteurs indépendants peuvent plus facilement vivre de leur plume que les auteurs édités traditionnellement. Et c’est le cas, du moins en début de carrière.

Un auteur qui se formerait au marketing web, qui serait prêt à investir un peu d’argent dans son projet, et beaucoup de temps, qui persévérerait pour améliorer son classement et ses ventes : cet auteur a plus de contrôle sur sa destinée littéraire qu’un auteur qui s’en remet totalement à une maison d’édition. Il peut générer des revenus bien plus importants que ne le peut un auteur en édition traditionnelle sur une publication, à moins que ce dernier produise un best-seller.

Toutefois, nombreux sont les auteurs qui se lancent en auto-édition et échouent à stabiliser leurs revenus.

Car plus encore que dans l’édition traditionnelle, l’auteur indépendant doit se constituer une backlist, une liste de romans publiés, pour multiplier ses sources de revenus.

Si un auteur en édition traditionnelle doit publier 1 à 2 romans par an pour constituer son catalogue, on conseille à l’auteur indépendant d’en écrire 3 ou 4. C’est un rythme extrêmement soutenu qu’il faut être en mesure de suivre et qui ne correspond pas à tous les genres.

Les grands points de la conversation :

– La différence entre à-valoir et droits d’auteurs
– Ce qu’il faut négocier avec son éditeur
– Comment augmenter la rémunération de l’auteur ?
– Les contrats à l’étranger et au cinéma
– Qu’en est-il de l’auto-édition ?

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