Choisir un nom de plume, y avez-vous déjà pensé ? Choisir un pseudonyme est une réflexion importante dans sa carrière d’écrivain. En effet, écrire sous un nom d’emprunt, ce n’est pas simplement pour « faire joli » ! Une réelle vision stratégique s’établit en amont, dans le parcours de l’auteur. En fait, c’est l’une des premières questions que l’on se pose en tant que futur écrivain : je le fais sous quelle plume ? Avec quel nom ? Pourquoi ne pas utiliser mon nom de famille ? Comment choisir un bon pseudo ? Ces questionnements viennent très tôt dans la carrière de l’écrivain.

Des problématiques et des enjeux dont on ne soupçonne pas l’existence émergent de ce choix : dois-je prendre un nom d’emprunt ? dois-je garder mon vrai nom, celui de ma carte d’identité ? Comment trouver un pseudo original ? Dois-je garder l’anonymat ? Tout se bouscule rapidement. Vous avez écrit votre premier roman et vous êtes confrontés à ces questionnements intérieurs. Derrière tout cela, une stratégie s’impose.

Conserver son véritable nom ou choisir un nom de plume n’est pas simplement une histoire d’oreille : ça sonne bien ou pas ?

Dès lors, voyons ensemble les différentes problématiques liées à ce choix.

Identité civile ou identité publique ?

Vivre de sa plume dès le premier roman est assez rare. Les probabilités ne sont pas complètement nulles, mais elles sont assez faibles. Avant de pouvoir vivre de sa plume, vous vivrez sur une période plus ou moins longue, avec un travail alimentaire sur le côté, moyennement passionnant. Si vous avez un job sur le côté, vous avez certainement deux structures professionnelles bien distinctes : 

  • L’univers créatif et artistique de l’écriture ;
  • L’univers privé de votre travail alimentaire.

Garder son vrai nom et prénom

Si vous décidez d’écrire avec votre vrai nom et votre vrai prénom, il n’y aura pas de barrières entre l’identité d’écrivain et votre identité civile. De plus, on le sait, avec internet, il suffit de quelques clics pour trouver tout sur vous et votre histoire. L’anonymat aujourd’hui n’existe pratiquement plus. 

En refusant de prendre un pseudonyme, en ne choisissant pas un nom de plume, vous acceptez qu’il y ait une complète transparence entre votre milieu professionnel et votre seconde vie d’artiste. Et donc, vous prenez le risque que vos collègues, votre patron ou vos clients vous posent des questions, à n’importe quel moment, sur votre métier d’écrivain.

Et vous vous exposerez aussi à un jugement de tout un tas de personnes qui sont peut-être à l’opposé du genre dans lequel vous écrivez. Particulièrement, si vous écrivez dans un genre qui n’est pas consensuel. Admettons que vous écriviez dans une niche comme la romance, l’héroïque fantasy, la science-fiction et même de l’érotique, ces genres sont clivants. Vous vous soumettez alors à l’ouverture de débats littéraires auxquels vous n’avez pas spécialement envie de prendre part.

Si vous assumez, c’est génial. Néanmoins, soyez-en conscients et comprenez ce que cela implique. Avec votre véritable prénom, tout sera toujours totalement transparent, tant au niveau privé qu’au niveau professionnel. 

  • Dans la fonction publique :  si vous avez un emploi dans la fonction publique, vous soyez fonctionnaire, c’est toujours un peu délicat. En effet, vous êtes astreints à une certaine image de l’administration. Selon les thèmes que vous allez aborder dans vos livres, vous ne savez jamais comment cela va être compris par l’un ou l’autre de vos collègues.
  • Dans le secteur privé : c’est plus simple, mais pas toujours facile.

Choisir un nom de plume, un choix marketing

Lors d’un salon du livre qui s’appelle aujourd’hui Livre Paris, je dédicaçais sur le stand de mon éditeur. À l’époque, je signais, sous le pseudonyme d’Oren Miller, l’un de mes polars. Et il s’avère que notre stand était collé à un autre stand d’un éditeur de l’imaginaire très connu en France. Un leader dans le domaine ! J’écoutais la conversation entre les éditeurs et celui-ci dit :  

« Je ne publie pas d’auteurs avec un nom de plume français parce que ça plombe systématiquement les ventes en Fantasy. » 

Chiffre à l’appui, cet homme-là, success-story en puissance dans une maison d’édition très connue, sait de quoi il parle. Et donc, à l’époque, cela m’avait interpellée. 

Bien plus tard, je me suis mise à écrire du Feel Good. Donc, j’ai changé d’éditeur. Alors que j’étais connue sous le nom d’Oren Miller, mon éditrice à l’époque m’avait dit 

« J’aimerais bien que tu prennes un nom qui soit plus français parce que c’est plus facile à vendre sur les marchés italiens et allemands. » 

Et le fait est qu’elle a eu raison, car, effectivement, j’ai décroché ces marchés.

Je vous raconte ces histoires pour vous prouver l’importance d’utiliser un pseudonyme

Choisir un surnom participe au marketing du livre autour de l’auteur, tout comme le choix d’une couverture ou d’un logo, la description de la 4e de couverture, etc.

Chez les auteurs français, regarder les genres littéraires est assez révélateur. Les auteurs de romance ont des noms et des prénoms avec une connotation plutôt anglo-saxonnes. Alors que d’autres styles littéraires préfèrent un alias ancien, lié à la mythologie, etc. Faites le constat par vous-même à votre prochain passage en libraire, c’est assez flagrant.

Faire figurer un nom de scène

Ces questions identitaires frappent tous les artistes. Dans les films des années 20 ou 30, les actrices devaient avoir un nom précis. La première lettre du prénom et du nom devait être pareille. Pensez à Marylin Monroe ou Dorice Day. Cela fait partie de la culture du spectacle.

Être connu sous le pseudonyme 

Que se passe-t-il lorsque vous écrivez dans plusieurs genres ? Gardez-vous un nom commun à vos différents ouvrages ? Changez-vous de nom d’artiste selon le genre ? 

Si vous gardez votre nom civil – celui de votre acte de naissance – du début à la fin, l’avantage est que votre propre nom circule toujours : dans les maisons d’édition, chez vos lecteurs, chez le blogueur très connu ou la blogueuse littéraire qui fera vivre votre livre.

Choisir un nom de plume, c’est stratégique ! 

Quel que soit votre style littéraire, vous êtes toujours la même personne derrière la plume. Le gros inconvénient est la vision française. 

En France, les professionnels du milieu éditorial — éditions, commerciaux ou libraires — ont beaucoup de mal à croire qu’un auteur puisse exceller dans un plusieurs genres. Vous pourriez presque passer pour un auteur ou une autrice instable.

Garder son nom patronymique ou trouver le bon pseudo demande réflexion. Posez-vous dès lors les bonnes questions avant de publier votre ouvrage. Vous pourrez alors dire « j’ai écrit sous le pseudonyme… »

C’est ici pour écouter la version podcast

6 Comments

  1. Merci pour l’article mais j’aurais surtout aimé des informations sur le côté légal du nom de plume, avoir une confirmation sur le fait de déposer son nom de plume comme une marque pour qu il nous appartienne ( du moins c est ce que j ai lu sur d’autres sites…)

    En tout, je vais m’enregistrer à la newsletter si je trouve ^^

    • Bonjour ! Merci pour ta question tout à fait intéressante !
      Oui tu peux déposer ton nom de plume. Les auteurs le font peu, ils sont généralement plus soucieux de protéger leur manuscrit que leur nom.
      Je pense qu’il est souvent entendu qu’il est probable qu’il y ait plusieurs auteurs du même nom. Généralement, le public y prête peu attention, il part du principe que beaucoup de personnes ont les mêmes noms et prénoms. Surtout si on utilise un nom étranger, par exemple un nom anglais ou américain… Le fait d’utiliser le même nom que quelqu’un d’autre n’est pas souvent un frein à la publication.
      Cela étant dit, il est évidemment fortement recommandé aux nouveaux auteurs de bien faire une recherche avant de choisir leur nom pour éviter le plus possible de choisir un nom avec un homonyme dans le même genre et pour se construire une identité forte notamment en ligne.

      Concernant la propriété du pseudonyme, tu peux donc le déposer. Il faudra par contre faire une distinction entre le pur pseudonyme (genre, Avionista, DJMaxx…) et le nom patronymique (un nom et prénom). Il y a des aménagements qui protègent le vrai nom d’une personne. Imaginons que tu veuilles prendre pour nom de plume Jules Rockfeller – s’il y a un « vrai » Jules Rockfeller qui veut écrire sous son vrai nom, il est possible que tu ne puisses pas faire jouer ton droit de préemption sur ta marque.
      Je te laisse faire plus de recherches en ce sens avec les mots clés « utilisation commerciale d’un nom patronymique ».
      Voici quelques liens : ici, ici et ici.

      Concernant notre newsletter, je t’invite à t’inscrire sur cette page : Obtenir notre fiche perso gratuite et être inscrit sur la newsletter !

      Bonne journée !
      Johanna, formatrice pour LICARES

  2. Bonjour, merci pour le podcast et sa retranscription écrite !
    J’ai également consulté les épisodes relatifs aux dédicaces et réseaux sociaux. Néanmoins je ne suis pas certaine d’avoir trouvé réponse à mon interrogation, je me permets donc de vous écrire.
    Pour les auteurs ayant écrit sous un pseudonyme afin de protéger leur vie privée, comment ont-ils géré les séances de dédicace ? Car ces moments dévoilent alors un visage qui peut être capturé en photo ou vidéo par un tiers, ou bien reconnaissable dans la foule si par hasard on rencontre une personne de son réseau ?
    Merci pour vos retours d’expérience ou conseils !

    Bien cordialement,

    Mina

    • Bonjour Mina ! 🙂
      Merci beaucoup pour ta lecture et ton écoute !
      Les auteurs qui décident de publier leur livre acceptent en général que leur anonymat prendra fin si un grand média les repère ou si, comme tu l’as mentionné, quelqu’un de leur entourage les voit en dédicace.
      Il y a une limite à l’anonymat quand on veut quand même diffuser son texte auprès des canaux conventionnels. On peut très bien protéger son intimité au maximum, mais si on accepte de se rendre dans un lieu public ou tout simplement d’avoir sa photo en couverture de son livre, on accepte que nos deux vies – civiles et artistiques – puissent se mélanger à un moment donné.
      A retenir : un auteur ne peut pas faire carrière sans être vu de ses lecteurs. A l’heure des réseaux sociaux et de la place qu’on donne aux « personnalités publiques », il n’est pas vraiment envisageable de faire une carrière dans l’édition traditionnelle tout en refusant de se montrer et de rencontrer ses lecteurs.
      Même en autoédition, la mise en avant sur les réseaux sociaux est un bon outil de promotion qu’il est difficile d’éviter…
      Ce qui ne veut pas dire qu’il est inévitable que nos connaissances nous voient en salon ou en librairie, sauf s’il fréquente les mêmes cercles que nous.
      Il est très intéressant de se demander pourquoi c’est si important pour nous de cacher cette part de nous-même…

      A bientôt !
      Johanna,
      Equipe LICARES

  3. Bonjour.
    Je me présente sous le pseudonyme  » Plume « . Pour des raisons personnelles je préfère garder mon vrai nom secret. Je suis une jeune fille de 17 ans et j’écris un livre pour un jour pouvoir le publier. Mais un problème survient : mon nom d’auteur. Je veux à tout pris garder l’anonymat ! Ma mère est écrivaine mais n’arrive pas à trouver avec moi. Je voudrais garder  » plume  » dedant et plusieurs des mes amies proches m’ont donné des idées comme  » Mademoiselle plume « ,  » Plume d’or  » ou encore  » Bella plume ».
    Puis-je avoir votre avis là-dessus ?

    Merci d’avance.
    Cordialement,

    Plume

    • Bonjour Plume !
      Merc à toi pour ton commentaire !
      Alors, il n’y a aucune restriction pour un nom d’auteur et tu peux très bien vouloir t’appeler Mademoiselle Plume ou Bella Plume.
      Sache juste qu’il est plus traditionnel d’avoir un nom de type « prénom + nom » plutôt que quelque chose qui soit un pur pseudonyme.
      Mais au final, c’est ton choix ! 🙂

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